La Maladrerie de Fontenay sous Bois (XIIe - XVIIIe)
Les origines:
La lèpre, fléau du Moyen âge qui touchait toutes les classes sociales,
s'était répandu dans notre pays après la première croisade, vers 1090.
Très rapidement on s'apperçut que la maladie était contagieuse par
contact, et que, faute de pouvoir la guérir, seul l'isolement des malades évitait
la propagation.
L'ordre de Saint Lazare fut fondé à Jérusalem vers 1120. Ses
moines-soldats avaient pour permière mission de lutter contre le fléau.
Dès son retour de Palestine en 1149, Louis VII dote l'ordre de terres, d'un château
et d'une église dans la région d'Orléans.
Les moines créent hopitaux et maladreries pour accueillir et isoler les malades, et
très vite, leur action, connue de tous, est soutenue par de nombreux dons privés:
C'est ainsi qu'en 1144, Henri de Fontenay qui avait contracté la maladie, donna à
l'ordre de Saint Lazare tout ce qu'il possédait en la terre et la seigneurie de Fontenay.
ce qui tend à prouver que la maladrerie n'est pas encore construite.
En 1195, Robert Borel et sa femme font don de la moitié de la dîme du Thillay près
Gonesse, à partager entre les Bons Hommes du bois de Vincennes et la léproserie de
Fontenay. C'est le premier acte officiel qui cite cette maladrerie.
En juillet 1225, Thécie, veuve de Bernard Ramund fait don à la maladrerie de six
livres de rentes sur une maison située rue de la Corroirie à Paris, à charge
par la maladrerie de servir elle même une rente de trois livres à un prêtre,
Guillaume Breton, et de dire une messe quotidienne pour le repos de son âme et celle dudit
Breton.
Pour finir, le 5 mai 1227, Jean de Fontenay et sa femme Bauteur lèguent à la
maladrerie une partie de leurs biens en échange d'une messe annuelle pour le repos de leurs
âmes. D'autre part, ils donnent à l'église de Fontenay une plâtrière
en précisant que le mesel en aurait l'usage pour construire son église
et sa maison.
Précisons au passage que les maisons ou logaient les lépreux étaient
appelées mesels ou bordes, et l'endroit ou elles étaient
construites, bordiaux. Or, nous retrouvons le lieu-dit le Bordeau au carrefour des
Rigollots, délimité par les actuelles rue Pasteur et rue de France... le lieu-dit
voisin s'appelant les Tombes.
La maladrerie de Fontenay est de fondation royale, contrairement aux autres maladreries
de la vicomté de Paris, créées par l'évêque avec la participation
des paroisses.
Le fait est indiscutable, pour ne citer qu'un exemple, le frère Pilippe Maudin est
attaché à la maladrerie par Jean II le 20 octobre 1350 au titre de joyeux
avênement.
De plus, si l'on regarde les sources de revenus de la maladrerie, elles sont principalement
constituées de la dîme du Thillay citée plus haut, et d'un fief roturier. Si la
dîme provient d'un don particulier, il est évident que le fief est de don royal.
L'obédience:
Dans un cas général, et comme nous l'avons vu ci-dessus, les maladreries
dépendent de l'évêché.
Cependant, la léproserie de Saint Maur des Fossés, située à l'entrée
du bois de Vincennes, avait été fondée par les religieux de l'abbaye de Saint Maur
qui y exercaient le droit de justice, et le droit d'aubaine. Elle ne fut mise en obédience
de l'évêché qu'au XVIe siècle.
En ce qui concerne celle de Fontenay, elle dépendait de l'évêque de
Paris, ainsi qu'en atteste un rapport de visite d'inspection faite en 1351 par Jean de Villescoublain,
délégué de l'évêque.
En 1556, Charles IX place les maladreries de la vicomté de Paris sous l'autorité
de l'Hôtel-Dieu de Paris.
Au début du XVIIe siècle, la lèpre a
quasiment disparue du royaume, et les maladreries sont vides. Mais les revenus subsistent et
sont bien souvent détournés de leur fonction d'origine.
Le 24 février
1612, Louis XIII, par des lettres patentes, essaie d'y remettre de l'ordre. C'est une très
belle déclaration d'intentions.
A Fontenay, ou les finances sont dans le désordre le plus complet, les revenus
semblent intéressants, et les candidats à la direction de la maladrerie sont nombreux.
C'est ainsi que le Chapitre de la Sainte-Chapelle de Vincennes, vers 1613, présente
une requête pour faire supprimer la maladrerie, et incorporer ses revenus et territoires
aux siens. Louis XIII lui accorde satisfaction en mai 1618.
Décembre 1672, un édit royal décide de rattacher les maladreries
à l'ordre du Mont-Carmel et de Saint Lazare de Jérusalem. C'est donc la commanderie
de Chelles qui prend la direction de celle de Fontenay, mais le chapitre, qui perd un procès
en 1676, ne remettra les titres de propriété que le 25 mai 1685. Peine perdue car
un édit de mars 1693 rend la maladrerie à la Sainte Chapelle qui le conserve cette
fois jusqu'à la révolution.
(Trouvé
par René Connat dans le fonds Gourgues Aulnay aux AD 93)
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Défense faite aux lépreux...
Les images et le texte ci dessous m'ont été
fournis par Jean Fornage qui m'a autorisé à les reproduire. Je tiens à lui
adresser mes plus vifs remerciements pour son travail. J'espère que vous en apprécierez
autant que moi la qualité.
Le document:
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Défense faite aux lépreux...
Le texte: (E-mail de Jean Fornage)
Source : incunable de la paroisse de Lady (Seine-et-Marne)
Sur les pages de garde et sur les marges inférieures figurent des actes d'état-civil. Les premier actes sont datés de 1611.
*** Copie faite avec l'orthographe respectée, mais :
1°) je ne suis pas arrivé à placer correctement le tilde abréviatif, il précède parfois la lettre au lieu d'être dessus.
2°) J'ai remplacé l'abréviation de et par &.
Sensuit la maniere cõme se doivent gouverner les lepreux apres quilz sont separez du peuple, & mys aux champs.
Et premierement on leur dict ce que sensuyt.
Je te deffendz entrer es eglise, en marchez, au molin, au four, & es lieux esquelz y a affluence de peuple.
Je te deffendz laver tes mains & autres choses necessaires pour tõ usage, es fontaines ruisseaulx & si tu veux boyre fault prendre avec vesseau hone~ite.
Je te deffendz aller en aultre habit que celuy duquel usent lepreux, & soys chausse hor ta chambre.
Je te deffendz toucher aulcune chose ~q voudras achepter, que avec une verge nette pour la demonstrance de ce tu veux achepter.
Je te deffendz entrer en tavernes, & maisons hors celle en laquelle est ton habitation, & si tu veux avoir vin, ou viandes, quilz te soy~et apportees en la rue.
Je te deffendz davoir cõpagnie a aultre femme que celle que tu as espousee, en face de saincte eglise.
Je te commande si aulcuns ont propos avec toy, ou toy avec eux, te mettre au dessoubz du v~et & ne fault que passe par chemin estroit, pour les inconveniens qui en pourroyent advenir.
Je te commãnde que le cas advenant tu soys contrainct passer par un passage estroit, pre ou lieux esquelz test contraincte ayder detes mains ne soyt sans avoir tes gands.
Je te deffendz que tu ne touches aucunem~et enfans quiconques soyent, & et ne leur donne de ce que tu auras touche.
Je te deffendz de menger & boyre en aultre cõpagnie ~q lepreux et scaches que quant tu mourras & feras separatiõ de ton corps & ame, tu seras ensepvely en ta maison, si nest de grace qui te sera promise par le prelat ou les vicaires.
Nota quil fault que copie des deff~eces si dessus, soient donnee au lepreux par le cure, ou vicaire, au despens de la parroisse dont ilz seront, affin quil naye cause dignorance.
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